Le logement n’a pas été au cœur du débat national lors des élections présidentielles et législatives de 2022, relégué au second plan derrière les questions relatives au pouvoir d’achat, à la fiscalité ou la sécurité.
Le sujet est réapparu à l’occasion du discours de politique générale de la Première ministre Elisabeth Borne qui a proposé au Mouvement Hlm la signature d’un « pacte de confiance ». Les mots sont forts et traduisent le souhait de nouer, entre le secteur du logement social et le Gouvernement une relation différente de celle qui avait été établie en 2017, avec la mise en place de la réduction de loyer de solidarité (RLS), une baisse de 1,3 milliard d’euros par an des aides personnelles au logement dont l’État a fait indirectement supporter la charge aux bailleurs sociaux.
Certes, quelques mesures de compensation ont été proposées. Certes un « pacte productif » a été signé en avril 2019 pour maintenir une ambition en matière de production et de réhabilitation. Certes les bailleurs ont eu accès à des ressources financières attractives dû à une conjoncture de taux d’intérêt historiquement bas. Pour autant, rien ne s’est passé comme prévu.
La crise du Covid, les tensions sur les marchés des matières premières, l’augmentation des coûts de construction et la perte de recettes liées à la RLS ont entraîné une baisse de 25% de la production Hlm par rapport au quinquennat précédent. Dans le même temps, les prix des logements sur le marché libre, déjà élevés, ont continué à grimper. Ils atteignent aujourd’hui des niveaux inaccessibles pour la plupart des ménages. Avec des effets immédiats : les locataires en place qui le souhaiteraient ne peuvent plus quitter le parc social, faute d’une offre abordable. Le nombre de demandeurs de logement augmente continuellement sous le double effet d’une production insuffisante et d’une rotation faible. La machine est grippée. Plus de 2 millions de personnes sont désormais en attente d’un logement social. Certaines sont logées dans des conditions très précaires, hébergées ou à la rue.
Le Mouvement Hlm, mobilisé pour répondre à la demande des logements abordables, est bien entendu disposer à se mettre autour de la table pour tirer le bilan de cette période et poser les bases de la reprise d’une relation de confiance autour d’objectifs ambitieux.
Un bilan est nécessaire pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. Pour identifier ce qui a amené à la situation de crise du logement qui se développe sur un nombre croissant de territoires, et qui pénalise l’économie, l’accès à l’emploi et l’attractivité des villes ou métropoles.
Il faudra également intégrer les évolutions récentes qui changent aujourd’hui la donne : les prix des matériaux, les taux d’intérêt élevés, les coûts de l’énergie, l’impératif de sobriété foncière, la nécessité d’accélérer la rénovation thermique et la décarbonation.
Il faudra enfin que le Gouvernement annonce son ambition et ses priorités pour le secteur Hlm : mieux répondre à la crise du logement, favoriser la mixité sociale et les parcours résidentiels, contribuer activement à la transition énergétique. Et, qu’il précise les moyens qu’il entend mettre à disposition pour permettre la réalisation rapide de ces objectifs. Il y a urgence.
Les organismes Hlm, avec leurs associations régionales et leurs partenaires, sont prêts à agir davantage sur tous les territoires. Mais, ils ont besoin d’un cap et d’une visibilité, conditions indispensables à un pacte de confiance.